FOSSILATION

Team:
Brice Ammar-Khodja
Alexandra Bachmayer
Samuel Bianchini
Marie-Pier Boucher
Didier Bouchon, Maria Chekhanovich
Matthew Halpenny
Alice Jarry
Raphaëlle Kerbrat
Annie Leuridan
Vanessa Mardirossian
Asa Perlman
Philippe Vandal
Lucile Vareilles

Expérimentation et fabrication de la membrane en bioplastique : Alexandra Bachmayer, Maria Chekhanovich, Vanessa Mardirossian avec la collaboration de Brice Ammar-Khodja
Captation de l’énergie résiduelle : Brice Ammar-Khodja, Didier Bouchon, Matthew Halpenny, Raphaëlle Kerbrat, Asa Perlman, Philippe Vandal
Design lumière : Annie Leuridan avec la collaboration de Louise Rustan

Développement informatique : Didier Bouchon
Suivi de la production de l’œuvre et de sa mise en espace : Lucile Vareilles
Soutien technique à la production et / ou au montage : Théo Chauvirey, Corentin Loubet, Joséphine Mas, Laurent Melloul, Simon Paugoy

Une grande toile translucide semble flotter à l’horizontal au-dessus du sol. Sa couleur vive est légèrement animée par les lumières fluctuantes qui la traversent. De nombreux câbles sortent du dessous de cette vaste membrane voire directement de celle-ci ; ils se déploient vers les plafonds comme s’ils cherchaient à s’y accrocher. Cette surface est constituée d’un bioplastique dont l’épaisseur variable produit un motif, une image, des images. Cette longue bande souple s’apparente en effet à une pellicule laissant apparaître quelques photogrammes successifs. Plutôt que d’être l’effet d’une prise de vue, ces quasi-images proviennent d’une lente prise de forme : une empreinte forme l’image, l’empreinte d’un dispositif électronique actuel d’affichage. Tel le fossile de notre époque, la contre-forme de l’ensemble des composants mis à nus (écran plat, câbles, ordinateur et ses périphériques) est imprimée dans la matière. Mais, image après image, cette empreinte disparaît comme la maquette d’une mine à ciel ouvert progressivement ensevelie. Le processus de prise de forme ou de “déprise” de forme est ainsi figuré par le séquençage même : c’est la même image qui est représentée, mais qui, photogramme après photogramme, se fond littéralement dans son support, tel un fondu vidéo, matériel cette fois. Et si cette pellicule ne défile pas devant un projecteur, un rétroéclairage vient animer ses motifs : la lumière est instable, ses vibrations et autres variations rendent compte d’interférences provenant de la captation d’énergies résiduelles du lieu d’exposition. La membrane est non seulement suspendue au bâtiment, elle est aussi connectée avec celui-ci, via un grand nombre de capteurs déployés, avec leurs câbles visibles et pendants, tels des tentacules à la recherche de nourriture, d’énergie. Ainsi, les tuyaux et autres câbles colorés qui signent l’architecture du Centre Pompidou se voient-ils investis par ces capteurs qui convertissent en électricité différents flux et activités du bâtiment. L’ensemble constitue un dispositif en prise directe avec le lieu, configurant un éco-système où l’image, loin d’être immatérielle, est composée et compose avec différentes dimensions propres à cette situation. L’image n’est plus le simple reflet d’une réalité passée ; répondant à une forme d’archéologie des médias prospective, elle s’expose au présent comme l’empreinte matérielle située d’un futur antérieur.

Fossilation, 2021.

Centre Georges Pompidou, Paris, janvier 2021.

Images : Brice Ammar-Khodja, Pierre Bouchilloux, Alain Declercq, Thomas Vauthier
Sound : Arnaud Pichon
Editing : Alain Declercq