STILATIM

Installation, vidéoprojection, encres, eau matériaux hydrophobes et électroniques.

Au centre d’une pièce inéclairée se tient une masse aqueuse surélevée dont la partie supérieure est traversée par de multiples faisceaux lumineux. Cette sculpture d’eau et de lumière évoque la figure homothétique d’une lame de microscope. Une projection fantomatique, à peine visible à l’oeil nu, apparait sur toute la surface de l’eau. Cette dernière révèle une formule de Gaston Bachelard (L’Eau et les Rêves, 1942). Le philosophe français y évoque, pour la seule fois de l’ouvrage, une forme mythologique de l’eau figurée dans sa matérialité la plus fragile, une goutte. Le visiteur peut deviner :

« Une goutte d’eau puissante suffit pour créer un monde, et pour dissoudre la nuit. »

Perturbé par l’apparition soudaine d’une goutte d’eau, le texte se transforme quelques secondes en une entité organique presque illisible. La masse aqueuse semble se mouvoir silencieusement dans l’obscurité. Pourtant, le liquide reste statique. En effet, la goutte d’eau observée n’opère pas dans la matérialité du réel. Il s’agit en réalité d’un film vidéoprojeté d’une goutte chutant sur une composition typographique.

Un second processus est à l’oeuvre. Celui-ci n’a rien d’un simulacre. Au plafond, une pompe péristaltique est dissimulée au-dessus du visiteur. Elle émet chaque heure précise de la journée, une unique goutte d’eau teintée de blanc. Lorsque la goutte percute la surface de l’eau, l’écho de cette collision retentit dans l’ensemble de l’espace invitant le visiteur à méditer la puissance symbolique de ce phénomène aussi imperceptible qu’anodin. À cet instant, la fusion des deux fluides révèle une partie de la surface spectrale du texte : des morceaux de la citation deviennent ainsi visibles, altérant fortuitement son interprétation pour quelques instants. Ces évènements en interaction engendrent des phénomènes de réfraction lumineuse échappant à la masse aqueuse pour s’étendre jusqu’au plafond.